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La championne du mois

2, août, 2017

Myriame Essalki: portrait d'une élite Spartan

Lors de ma dernière course Spartan, j’ai eu la chance de prendre le départ au côté de Myriame Essalki, plus communément appelée “La Gazelle” dans le milieu !

Elle est une des meilleures athlètes Spartan en Europe et grimpe sur le podium à l’issue de chaque course !

Myriame vit aujourd'hui aux USA et participe en majorité à des courses américaines, elle se frotte donc à la crème de la crème et performe largement! 

Nous nous suivons mutuellement sur les réseaux depuis un petit moment et j’ai été enchantée lorsqu’elle a répondu favorablement à ma demande d’interview !

Quand nous avons parlé pour la première fois (nous nous sommes croisées au bord du lac, à Genève tout à fait par hasard !), Myriame était exactement comme je l’avais imaginée: sympa, pétillante, simple et naturelle. Nous nous sommes ensuite revues lors du départ de la Super à Morzine et j’ai pu vraiment mesurer l'athlète qu’elle est. Pour approfondir cet article, nous avons aussi pris le temps de nous appeler longuement, entre deux avions pour elle et tard dans la nuit pour moi !

Aujourd’hui, je suis très fière de pouvoir vous présenter son portrait qui est un modèle de persévérance et un espoir pour toutes les femmes.

Son histoire

Née le 11 mai 1985 à Valencienne de parents Marocain, sa vie a débuté dans le Nord. Un frère aîné, Jamel, ainsi que deux petites sœur, Yasmina sa fausse jumelle et Naïma âgée de 18 ans (“son bébé” comme elle dit), qui vient de passer son Bac S avec mention très bien. Myriam Essalki a vécu une enfance assez difficile au sein d’un milieu défavorisé, à connu un père violent et une mère mariée de force au nom de coutumes religieuses …

La vie va s’avérer être difficile mais le mental d’acier de sa maman les sauvera de la violence. Ils finiront par fuir et seront hébergés dans un foyer afin de commencer un nouveau départ non loin de Chambéry.

Son enfance et sa scolarité se réaliseront en Savoie dans la commune de Cognin. Le peu de moyens de de sa maman ne lui permet pas de pratiquer du sport en club mais grâce au sport scolaire, Myriame commence à fréquenter tous les mercredis après-midis les rangs de l’UNSS. Très vite le sport devient un défouloir où elle peut être elle-même et y laisser ses problèmes et ses frustrations.  

Elle se lance ensuite dans le cross country l’hiver et l’athlétisme l’été. 

Elle  gagnera beaucoup de cross et signe la 4ème performance française sur 1000 mètres à l‘âge de 15 ans. Myriame sera ensuite repérée par L’EAC, Ecole d’Athlétisme de Chambéry, qui la prend sous son aile et finance ses licences sportives. Ses entraîneurs deviennent sa famille et elle y trouve ses “pères spirituels”: la Championne est née !

Son enfance difficile va surtout lui amener cette joie de vivre qui la caractérise car comme elle dit: “je sais d’où je viens et je mesure quotidiennement le bonheur de la vie”. Ayant dû faire face à beaucoup de difficultés, elle s’est promise de faire de grandes études afin de pouvoir réaliser ses rêves, voyager et fonder une famille dans de bonnes conditions.  

Elle réalisera donc des études d’expertise comptable et décrochera haut la main son diplôme (major de sa promo)  après 6 ans en alternance avec son entreprise Schneider Electric.

Myriame récupère à l’âge de 26 ans,  le management comptable et la consolidation de la plus grosse Business Unit du Groupe… La Business Woman est née !

Son palmarès

Bilan mondial Spartan Race au 17 juillet 2017:

  • Top 6 mondial
  • Top 5 mondial femme
  • 1ère européenne ex aequo 
  • 1ère française

Courses:

  • 10 podiums ont déjà été réalisés en 2017 dont 8 aux USA (avec 6 victoires !) et 2 en France à Morzine (deux victoires aussi)
  • 10 podiums avaient été réalisés en 2016 dont 6 premières places !

Interview 

1- Sportive depuis un jour ou sportive depuis toujours ?

Sportive de toujours ! of course… Depuis ma jeune enfance, je suis adepte du sport scolaire, je me suis essayée à beaucoup de sports et j’avais un faible pour le rugby. Je vais pratiquer le Handball pendant 4 ans en option sport avec mon collège et puis rapidement, malgré mon aversion pour la course à pied l’athlétisme va me porter au cœur.

Ancienne coureuse de 800 et 1500 m. J’obtiens 3 titres de Championne de France scolaire et une jolie 3ème place au Championnat de France FFA sur 1500 m. L’athlétisme va être mon défouloir pendant 10 ans.

A l’obtention de mon diplôme d’expertise, étouffée par cette vie de travail et d'entraînement, je décide d’arrêter tout afin de vivre normalement. Mais après 3 ans de pause niveau compétition, je suis vite rattrapée par cette rage de gagner et ce besoin de dépassement de soi et de challenge. 

2- Qui t'inspire(nt) ?

 Je n’ai jamais été fan de quelqu’un en particulier, je me suis surtout inspirée des femmes et des hommes dans le monde qui réalisent de grandes choses avec peu. J’aime être entourée de personnes positives et leur énergies est ma source de vie.

Sportivement parlant mes entraîneurs m’ont toujours inspirée et boostée. Comment décevoir ces hommes et femmes bénévoles qui investissent leur temps pour nous, la nouvelle génération... 

Et puis mes professeurs d’école à l’université, passionnés par la transmission du savoir, avec le but ultime de nous aider à trouver notre voie, ont aussi été pour moi une source d’inspiration professionnelle.

Si je devais nommer quelqu’un, cela serait ma maman. Son histoire m’a beaucoup bouleversée, elle reste une de mes grandes sources d’inspiration. Elle fait partie de ces femmes qui ont eu le courage de dire non et de fuir sans sécurité afin de protéger ses enfants et de leurs permettre d’avoir un avenir. 

Je crois que ce qui m’inspire c’est le courage d’entreprendre les choses et la volonté de les réaliser !

3- Combien d'heures par jour t’entraines-tu ?

Je m’entraine le matin de 6h à 8h en cardio dont du running trois fois par semaine. Et le soir, deux heures sur la partie force.

Cela me fait en moyenne 3h30 de sport par jour avec un à deux jours de repos si il y a des compétitions le week-end.

Les semaines sans compétitions je garde un seul jour de repos. Ce rythme très chargé s’est construit avec le temps bien évidement !

4- A quel moment as-tu réalisé que tu étais accro aux courses à obstacle ?

Je pense que dès la première course il y a un an en Italie j’ai eu le déclic. J’avais arrêté l’athlétisme car je ne trouvais pas cela fun. Le trail et la nature étaient devenus ma passion mais il me manquait un côté décalé.

L’esprit de guerrier et le suspense des pénalités m’ont tout de suite plu. Et puis il faut l’avouer, je réalise un podium à chacune de mes courses, cela rend adepte aussi !!   

5- Comment gères-tu ton métier, il doit te prendre beaucoup de temps et ta vie de Spartan Elite ?

Effectivement, mon métier me prend énormément et je ne me déplace jamais sans mon PC. Aujourd’hui j’arrive assez bien à gérer car j’ai une flexibilité dans mon travail en termes d’horaires. Je travaille parfois le dimanche et toujours dans l’avion et en vacances. Mais cela est le secret de ma réussite. Toujours connectée et toujours à l'entraînement !

6- Quand tu ne t’entraines pas, pratiques-tu d'autres sports ? ou en profites-tu pour lever le pied ?

 Oui je pratique d’autres sports car j’ai un besoin de me dépenser continuellement. J’aime danser, marcher et le yoga. Mes amis occupent aussi une grande partie de ma vie, j’aime prendre le temps d’un bon repas autour d’une bonne bouteille de vin .

7- Parlons un peu de ta préparation physique ! La pratique de la course à obstacles requiert beaucoup beaucoup de qualités physiques, de quelle façon t'entraines-tu pour être performante?

Effectivement, il s’agit d’un sport très physique et les blessures peuvent arriver facilement .

La première chose importante est de savoir écouter son corps, finir une séance à tout prix n’est pas forcément la solution. Si je me sens pas bien, ajouter de la fatigue ne va pas aider.

Le repos aussi est très important, je garde toujours deux jours off avant chaque course et un jour off dans la semaine minimum.

Le sommeil est indispensable, je me couche toujours tôt durant 48h avant la course. 

La diététique est sans aucun doute un point majeur car  bien se nourrir permet d’éviter les carences, et l’hydratation est primordiale durant les jours avant la course. Le reste du temps, je me force à boire 2 litres minimum par jour.

Mon nouvel investissement est le massage, je me fais masser une fois par semaine afin de permettre à mon corps de mieux récupérer.

Niveau entrainement, je ne me ménage pas afin d’être performante et je repousse mes limites tout le temps.

Le secret de la performance reste la régularité! Il y a des jours où même si on ne veut pas y aller, il faut savoir se mobiliser car les objectifs ne peuvent être atteint sans douleur .

8- D'un point de vue nutritionnel, suis-tu une diète particulière quant à ta pratique sportive ?

Aujourd’hui cela reste ma faiblesse. Je ne suis suivie par aucun diététicien et je ne suis pas de régime.

Je m’interdis depuis que je suis au US les produits industriels et boissons bien trop sucrées.

J’ai enlevé de mon alimentation le pain, les gâteaux industriels et les féculents. J’en mange par exception mais plus quotidiennement .

Je mange beaucoup de céréales, quinoa, riz, boulgour et du poisson. Très peu de viande.

Mes petits déjeuner sont des smoothies aux fruits que je réalise tous les matins, et de temps en temps des omelettes aux champignons.

9- Ok, je sort les paillettes et te pose quelques questions de filles ;) quel est ton premier geste au saut du lit ?

 Ayant des cheveux africains seules mes sista de l’Afrique pourront comprendre que le premier geste est de dompter cette crinière.

J’utilise de l’huile et des sérums en tout genre. Argan, masque au œufs et au miel, et la fameuse huile d’olive! Bon appétit!

10- Et le dernier avant de te coucher ?

 Le fameux défilé des crèmes de beauté pour le corps, visage, les pieds et sans oublier le petit sérum dans les cheveux! J’aime sentir bon, je me parfume aussi .

11- En dehors des entraînements et des courses , sneakers ou talons hauts ?

Jamais de sneakers! Toujours en talons, j’aime être élégante c’est mon côté business woman. 

12- Comment définies-tu ton style vestimentaire ? Quelles marques aimes-tu porter ? 

 J’ai plusieurs styles vestimentaires.

Au travail la semaine, c’est élégant et classique avec des tailleurs Calvin Klein, Berenice, Caroll, H&M et je porte un sac Michael Kors.  

Le vendredi, c’est plus cool avec ses jeans Levis, t-shirt, et chemises American Eagle ou Abercrombie.

En soirée, je suis plutôt sexy, j’aime plaire et j’ose les tuniques Maje, les shortys et les dos nu.

Le week-end je reste décontractée ! Je porte des jeans délavés et déchirés et, j’ose le dire, j’ai des fringues Desigual aussi mais ca reste soft, lol. J’assume!  

13- Revenons aux courses, quel a été ton plus beau moment sportif ?

 Le plus beau moment, je crois que c’est mon arrivée des championnats du monde OCR l’année dernière. Je ne voulais tellement pas qu’on me coupe mon bracelet que je me suis acharnée durant 5h sur tous les obstacles afin de les réaliser tous, un à un. A bout de forces, les mains en sang, je finis par tout passer grâce à une volonté d'acier. Je n’ai pas gagné mais tout le monde était là pour m’accueillir et pleurer avec moi. Les larmes de joies et de douleurs. Ce jour j’ai réalisé à quel point je pouvais être forte mentalement. La victoire, je l’ai eu sur moi-même. J'ai hâte de la revanche cette année .

14- Pour Boucler cette interview que puis-je te souhaiter pour le suite et quel est ton prochain objectif ?

Du bonheur avant tout, cela reste la plus belle chose au monde! Des sponsors, afin d’obtenir un appui  financier et technique avec une structure médicale adaptée car actuellement j’en ai aucun.

Pour finir, surtout de garder cette énergie afin de continuer à truster tous les podiums...

Un grand merci à toi Myriame, pour ta simplicité et ta confiance.

Je vous invite à la suivre sur ses pages Facebook et Instagram afin de ne rien manquer de ses futures victoires !

Vous aussi vous voulez goûter aux joies (mais pas simples !) d'une Spartan ? Retrouvez mes conseils dans l'article :  J'ai couru une Spartan Race, partie 1